Charlotte Silvera, membre de la Puissance du Lien, incarne la force du lien et la transmission entre les générations, en transmettant mémoire, engagement et émotions à travers son œuvre. Son documentaire « Lettre à l’enfant que tu nous as donné » en est un exemple bouleversant, interrogeant notre rapport à la jeunesse et aux luttes qui ont façonné nos droits.
Un film qui interroge notre lien avec la jeunesse
Comment préserver notre lien avec les jeunes ? C’est la question au cœur du documentaire « Lettre à l’enfant que tu nous as donné », réalisé par Charlotte Silvera et coécrit avec Matthieu Noël. En 84 minutes, le film déploie une mosaïque d’images et de formats : fiction, animation, archives, extraits de films, prises de vue façon smartphone… Un mélange qui donne une force singulière au récit et en démultiplie l’impact émotionnel. J’en suis sortie profondément marquée.
Des luttes qui résonnent aujourd’hui :
En tant que jeune femme dans la vingtaine, je me suis sentie directement concernée par ce film. Il ne raconte pas seulement une histoire du passé : il tend un miroir à ma génération. Certaines luttes m’étaient familières, d’autres moins, mais toutes rappellent que nos droits ne vont jamais de soi.
Parmi elles : le long combat pour que le viol soit reconnu comme un crime, la conquête du droit de vote des femmes en France et ailleurs, la bataille pour l’accès à la contraception et à la pilule face à une société patriarcale, le parcours douloureux menant à la légalisation de l’avortement et la mémoire des femmes mortes à cause d’avortements clandestins, le refus de réduire les femmes à des objets sexuels et l’affirmation d’une citoyenneté pleine et entière, et enfin un appel vibrant aux jeunes générations : ne pas céder à l’abstention, car c’est par le vote et les lois que la société évolue.
Un message pour ma génération
En tant que spectatrice, j’ai eu l’impression que ce documentaire me parlait directement, comme une lettre ouverte adressée à ma génération. Il m’a rappelé que les libertés qui me paraissent aujourd’hui évidentes — voter, étudier, disposer de mon corps — ne sont ni “naturelles” ni “acquises”. Elles sont le fruit de luttes acharnées, parfois au prix du sang. Cette prise de conscience m’a bouleversée : si d’autres ont dû se battre et souffrir pour que j’aie ces droits, je ne peux pas les prendre à la légère.
Une transmission vivante
Pour moi, « Lettre à l’enfant que tu nous as donné » est bien plus qu’un documentaire : c’est une transmission vivante, un rappel qu’aucun droit n’est jamais acquis, que l’abstention est un renoncement et que l’engagement — sous toutes ses formes — reste vital. À la sortie de la projection, une certitude s’est imposée : ce film doit être vu par toutes et tous. Pour les femmes, c’est un rappel de la nécessité d’affirmer nos voix et de poursuivre le combat pour l’égalité. Pour les hommes, c’est une leçon de responsabilité : protéger nos filles ne suffit pas, il faut aussi éduquer nos fils au respect, à l’égalité et à la liberté.
Ce documentaire ne se contente pas de raconter l’histoire. Il questionne, dérange parfois, mais surtout, il invite à réfléchir sur la société que nous voulons construire et transmettre. Je le recommande vivement : à voir, à débattre, à partager. Parce que protéger le lien avec la jeunesse, c’est aussi transmettre la mémoire des luttes et former les consciences de demain.