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Diversité et Inclusion

L’illéttrisme: un défi silencieux, une mobilisation essentielle

Germine Kapita
Jul 3, 2025
6
min.

L’illettrisme : un défi silencieux, une mobilisation essentielle

Imaginez un quotidien où lire une notice, remplir un formulaire ou écrire un message devient une épreuve. Où l’on évite les réunions, les documents à signer, ou même les textos… C’est la réalité de plus d’un million de personnes en France aujourd’hui. On parle d’illettrisme. Un mot qu’on entend peu, un sujet qui reste trop souvent dans l’ombre. Et pourtant, il nous concerne tous.

L’illettrisme, de quoi parle-t-on vraiment ?

Contrairement à l’analphabétisme — qui désigne le fait de n’avoir jamais été scolarisé — l’illettrisme touche des personnes qui ont été à l’école… mais qui n’ont pas pu y acquérir, ou conserver, les savoirs de base : lire, écrire, compter.

Cela peut être dû à une scolarité difficile, à des ruptures de parcours, ou encore à un manque d’usage qui, au fil du temps, fait perdre des acquis. Résultat : des millions de femmes et d’hommes en France ne disposent pas de l’autonomie nécessaire pour vivre pleinement leur vie personnelle, professionnelle, sociale.

Un phénomène invisible… mais bien réel

Environ 1,5 million d’adultes actifs en France sont en situation d’illettrisme. Et pourtant, beaucoup passent sous les radars. Pourquoi ? Parce qu’ils développent des stratégies de contournement : ils demandent à quelqu’un de "lire pour eux", utilisent exclusivement des messages vocaux, ou évitent les contextes où leurs difficultés pourraient se voir.

Ces comportements sont souvent interprétés comme de la timidité, du désintérêt… alors qu’ils révèlent une vraie souffrance. L’illettrisme isole. Il empêche d’écrire un CV, d’aider ses enfants dans leurs devoirs, ou simplement de remplir une feuille d’impôts. Il empêche aussi de rêver plus grand.

Un engagement national depuis plus de 20 ans

Bonne nouvelle : la France n’est pas restée les bras croisés. Depuis les années 2000, des plans nationaux ont été mis en place pour prévenir et combattre l’illettrisme, en particulier dans les régions les plus touchées.

L’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) coordonne ces efforts, en lien avec les Régions, les collectivités, les entreprises et les associations. Des structures comme l’AFPA, les GRETA ou les CFA proposent des formations accessibles à tous, à tout âge, pour remettre un pied à l’étrier.

En 2013, la lutte contre l’illettrisme est devenue cause nationale. Et ce n’est pas un hasard.

Un combat mondial, porté par les femmes, les communautés, les ONG

Du Brésil à l’Inde, du Canada au Sénégal, des millions de personnes se mobilisent aussi à l’international pour l’accès à l’éducation.

Des programmes emblématiques comme Brasil Alfabetizado, Essential Skills, ou Saakshar Bharat Mission ont vu le jour pour aider les populations vulnérables à retrouver confiance en leurs capacités.

Au Sénégal, des ONG accompagnent les adultes dans leur langue maternelle (wolof, sérère, pulaar), un levier culturel puissant pour se réapproprier le savoir.

En France, on peut citer l’action précieuse de Lire et faire lire ou encore du réseau GACID, engagé en Guyane pour l’alphabétisation et contre la délinquance.

Et les entreprises dans tout ça ? Elles s’engagent !

De plus en plus de structures du monde économique prennent conscience de leur rôle à jouer.

En Afrique du Sud, le groupe MTN a lancé Digital Schoolbag, un programme d’alphabétisation numérique pour les zones rurales.

En France, Constructys, l’opérateur de compétences du BTP, propose des parcours de formation comme l’évaluation CléA, qui aide les personnes peu diplômées à faire reconnaître leurs compétences essentielles : savoir compter, comprendre un texte, s’exprimer clairement.

De son côté, L’Oréal, via sa fondation et son programme Beauty for a Better Life, soutient La Puissance du Lien dans des actions concrètes, où la formation et l’inclusion vont de pair avec la dignité et la valorisation de chacun.

L’illectronisme : le nouveau défi

Aujourd’hui, un nouveau mot a fait son apparition : l’illectronisme. Il désigne la difficulté à utiliser les outils numériques. Or, sans eux, il devient presque impossible d’accéder à l’emploi, aux services publics, à ses droits.

Lire une information en ligne, faire une démarche administrative, s’inscrire à une formation… tout passe par Internet. Ce qui veut dire que les compétences de base ne s’arrêtent plus à l’alphabet ou aux chiffres : elles incluent aussi les compétences numériques.

Apprendre à tout âge, c’est possible — et vital

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est jamais trop tard. Des ateliers, des bibliothèques, des associations, des plateformes de formation… Les ressources sont là, à portée de main. Et surtout : l’envie d’apprendre renaît dès que l’on se sent écouté, soutenu, encouragé.

Nous le constatons chaque jour à La Puissance du Lien : quand une personne sort de l’ombre, quand elle ose écrire son prénom, lire à voix haute ou raconter son histoire… c’est tout un monde qui s’ouvre. Un monde de confiance, de lien, d’avenir.

Ensemble, faisons reculer l’illettrisme

Agir contre l’illettrisme, c’est bien plus que transmettre des savoirs. C’est offrir des clés pour exister, pour s’exprimer, pour s’épanouir. C’est lutter pour une société plus juste, plus inclusive et plus humaine.

À La Puissance du Lien, nous croyons que chaque mot lu, chaque phrase écrite, chaque main tendue peut changer une vie. Et qu’ensemble, nous pouvons faire reculer l’exclusion, une lettre à la fois.

💡 Pour aller plus loin :

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